← Revenir à la page précédente

A la découverte des contes

... Un duel à Tourbillon ...

Joseph Roduit, RCL de Sion, Editions A La Carte

Sion. Tourbillon

 

Quand on se rend de Martigny à Sierre, le tableau qui s’offre à nos yeux en approchant de Sion est incomparable.

Les collines de Tourbillon et de Valère se détachent nettement du reste du paysage.

A droite, l’église fortifiée de Valère émerge de l’ensemble des bâtiments du château où résidaient autrefois les chanoines du Chapitre. C’était à eux qu’incombait l’élection de l’évêque, avec l’approbation du pape. L’église est encore utilisée actuellement. Elle possède l’orgue jouable le plus ancien du monde.

A gauche, sur la colline de Tourbillon, l’évêque Boniface de Challant construisit un château fort qui fut détruit lors de l’incendie de 1788. Il ne fut pas reconstruit. Au cours des siècles, ses murs crénelés ont été limés par le vent et ont pris la couleur grise de la roche moutonnée des alentours. Les vastes salles à ciel ouvert sont couvertes de gazon et même de diverses essences buissonneuses dont les semences ont été apportées tant par le vent que par les oiseaux.

Autrefois, du temps où le château était habité, une de ses grandes salles avait été le théâtre d’un terrible drame. Deux officiers s’étaient battus en duel. L’un d’eux, par un faux mouvement, alla planter son épée dans une grande toile appliquée au mur et représentant saint Théodule, premier évêque du Valais. Quand il retira son épée, elle était ensanglantée. Terrifié, il oublia son adversaire pendant quelques secondes. Ce dernier profita de ce court instant d’inattention pour le terrasser.

La fille de l’officier vainqueur faisait partie du personnel au service du seigneur. Dès le jour du combat entre les deux officiers, elle ne voulut plus entrer dans la salle où le duel avait eu lieu. Elle avait le pressentiment qu’un nouveau drame allait se réaliser.

Quand elle devait se rendre d’un lieu à un autre, elle faisait chaque fois un détour pour éviter de passer dans cette salle. Cela dura des années. Son père tenta à plusieurs reprises de lui faire vaincre cette frayeur, mais elle était prise chaque fois de crises nerveuses.

Un jour, l’intendant du châtelain épris par le charme et la beauté de la jeune fille la demanda en mariage. Son père fut tout heureux de lui accorder sa main. Il était persuadé de pouvoir profiter de certains avantages.

Le jour des fiançailles, une grande fête fut organisée au château. Il y eut de la musique et des jeux dans toutes les salles. Les jeunes dansèrent puis organisèrent une ronde. Conseillée par eux, la jeune fille consentit à se placer la première.

Arrivée dans la grande salle où le duel avait eu lieu, elle fut prise de panique et voulut s’enfuir. Mais, en arrivant vers l’autre porte, un énorme tableau représentant le cardinal Mathieu Schiner lui tomba sur la tête. Elle poussa un grand cri et tomba raide morte à côté du tableau. Le poids du cadre massif l’avait tuée sur le coup.

On devine l’émoi qui s’empara des jeunes devant l’horrible spectacle qui s’offrit à leurs yeux. On informa le père et le fiancé du terrible drame survenu dans la salle du duel. Leur peine fut immense. La journée commencée dans la joie finissait dans la douleur. Au lieu de préparer le mariage de la jeune fille, on devait creuser sa tombe. Quel triste sort !

Quoique douloureuse, il fallut accepter la volonté de Dieu.

Au vu de ce qui précède, on doit bien admettre que certaines personnes ont le pressentiment d’un malheur qui va leur arriver et devinent même l’endroit où il aura lieu.

 

 

↑ vers le haut de la page