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A la découverte des contes

... Histoire de chemin de fer ...

Conté en 1927 par Cyrille Curdy, employé de chemin de fer, né en 1870 Tiré de « 25 textes patois du Valais » de Jeanjaquet et Tappolet, éd. A la Carte 2005

Comme je devais me rendre à Sion pour des affaires, je ne savais pas comment faire pour prendre le train. J’ai été trouver mon ami Lucas, qui est un homme instruit, du fait que son grand-père a été mêlé à la politique. « Eh bien, qu’il me dit, tu vas te placer en bas vers la barrière, et quand tu verras le conducteur, tu lèves les bras et tu lui cries d’arrêter ».

J’ai été me placer en bas vers la barrière, et quand j’ai vu arriver le train, j’ai levé les bras et j’ai crié d’arrêter; mais, au lieu d’arrêter, il a filé à toute vapeur. Moi, je me suis mis à lui courir après, et je crains que je courrais encore, si je n’avais pas rencontré le grand Félix qui me dit : « Où vas-tu de ce train ? » – « Je vais à Sion ». – « Il te faut aller à la station ».

Je vais à la station, je vois une petite maison, et il était marqué dessus : Côté des hommes – Côté des femmes. Je suis entré, mais en me tenant le nez, j’ai aussitôt reconnu mon erreur.

Plus loin, j’ai vu écrit : Passage. Je suis entré. Un homme au galon à la casquette me demande où j’allais. « A Sion », que je lui ai répondu. – « C’est sept francs », qu’il me dit. – « Oh ! vous pourriez bien me laisser passer pour six, et puis je descends à là montée et je pousserai par derrière ». Il m’a fermé le guichet au nez. Je me suis décidé à payer mon billet.

J’arrive sur le quai, j’ouvre toutes les portières du train. Partout on me dit : « Passez plus loin ». Je suis arrivé à me caser. Le train se met en route. Quand je me suis mis à la fenêtre pour voir le pays, un coup de vent m’a emporté mon chapeau. J’ai beau eu crier au conducteur d’arrêter, mais il a filé à toute vapeur.

Arrivé à St-Maurice, un monsieur descend du train. « Vous oubliez quelque chose », que je lui dis. – « Et quoi ? » qu’il me dit. – « Ce colis que vous avez sous les pieds ». – « Je vous le donne », qu’il me dit.

Arrivé à Sion, je charge ce colis sur mes épaules. Un homme au galon me demande où je vais avec la bouillotte de la compagnie. « C’est un monsieur qui était dans le train, qui me l’a donnée ».

– Je vais vous conduire vers le chef de gare.

Et là, sans l’intervention de mon cousin Lumignon, qui est un homme instruit, puisqu’il frotte les lampes, j’aurais eu un tas d’histoires.

Comme ça, j’ai rendu la bouillotte à la compagnie et j’ai f… le camp.

 

 

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