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A la découverte des contes

... Le fruitier infidèle ...

à l'alpage de "Lona"

Entre Grimentz et Vercorin, il y avait anciennement un alpage appelé « Lona », qui appartenait à des allodiateurs d’Anniviers et de Vercorin. Lors de l’élection des employés de la montagne, un pâtre ayant réussi par ses promesses à corrompre le suffrage d’un certain nombre d’allodiateurs, fut nommé « maître fruitier ».

Quand vint l’époque du partage du fruit, pour récompenser ceux qui l’avaient ainsi favorisé, il leur fit une part plus forte au détriment de la généralité des allodiateurs, après avoir préalablement détourné à son profit une portion non moins grosse des produits de la montagne.

Comme il était soutenu par ses complices, il continua ses fraudes jusqu’à sa mort. Par la suite, ce pâturage fut peu à peu abandonné ainsi que beaucoup d’autres en raison de son aridité. Les montagnes, comme on le sait, diminuent de valeur à cause du déboisement des forêts.

Le vendredi des Quatre-Temps d’automne, un chasseur de chamois s’étant aventuré dans les ravins qui dominent le lac de Zemp, fut surpris d’y trouver un pâtre portant, un costume très ancien, qu’il aborda en lui disant Loué soit Jésus-Christ.

Le pâtre lui répondit :

– Dieu est juste !

A quoi le chasseur comprit qu’il avait affaire à un revenant …

Mais tout aussitôt l’autre reprit :

Je suis un tel, mort il y a trois cents ans, et depuis ce temps, le Bon Dieu m’accorde de venir annuellement, en ce jour consacré à la prière pour les défauts, demander aux vivants de réparer les injustices que j’ai commises an préjudice des allodiateurs d’un alpage qui existait ici. Je suis condamné à fruiter sans trêve ni repos, avec l’eau du glacier, jusqu’à ce que j’arrive à faire du fromage.

Vous qui avez prié ce matin pour les âmes abandonnées et pour lesquelles on ne prie pas, vous m’avez obtenu la faveur de parler à un vivant… Je vous en conjure, allez au village, et faites des aumônes pour qu’au moins je ne sois pas obligé de fruiter en hiver…

Le chasseur fit ce que le mort lui demandait, et comme d’année en année les eaux de la Navizance se font moins blanches, on a reconnu par là qu’à mesure que les injustices du malheureux pâtre se réparaient, il travaillait moins.

Mario ***  Marie Trolliet

 « Le Génie des Alpes valaisanne »

« Récits, contes et légendes de Chalais et Vercorin »

Editions à la Carte, 2001

 

Produit des troupeaux, beurre, fromage, etc.

Faire le fromage

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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