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A la découverte des contes

... Cadeau offert par les Béduits à l’évêque de Sion ...

Jegerlehner, RCL de Sion, Editions A la Carte

Autrefois l’évêque de Sion était le seigneur et maître omnipotent du Valais. Il était donc craint, vénéré ; il s’agissait de se le rendre favorable.

 

Un jour, le président d’Isérables descendit à Riddes pour aller aux nouvelles. Quand il rentra le soir au village, il fit battre le tambour et fit savoir aux habitants que l’ancien évêque était trépassé et qu’on venait de lui donner un successeur. Il proposa d’offrir au nouveau souverain un cadeau convenable. Après avoir longuement débattu, on décida que chaque ménage apporterait à Monseigneur une brantée de lait.

Tous les Béduits partirent de compagnie pour la capitale, le lendemain matin, avec leurs brantes bien pleines. Avant d’entrer à Sion, on fit halte pour reprendre haleine ; le président en profita pour répéter ses instructions à ses hommes, afin que tous se montrassent polis et convenables avec Monseigneur. Il leur dit entre autre : « J’entrerai le premier dans le palais de l’évêque, vous me suivrez et vous ferez tous comme vous me verrez faire. »

On entra dans la résidence épiscopale, on longea un corridor, on gravit un escalier, et l’on se trouva devant la salle des audiences. Le prélat était dans le fond, assis sur son siège, entouré de chanoines. Le président d’Isérables se présenta, toujours la brante au dos, mais une émotion s’empara de lui, son pied heurta le seuil, il tomba la face contre terre, et le précieux liquide se répandit sur le parquet.

Lorsque le président se fut relevé, celui qui le suivait et qui avait observé tous ses mouvements fit la même chose. Les autres l’imitèrent ; ce que voyant, l’évêque et ses compagnons ahuris quittèrent la salle : ils avaient du lait jusqu’aux genoux.

On fit arrêter et châtier sévèrement les infortunés Béduits qui s’en revinrent chez eux tout penauds, se plaignant fort du nouvel évêque qui les avait fait fustiger lorsqu’ils lui avaient apporté leurs offrandes.

 

 

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